Depuis 1985 notre activitĂ© de consultants r.h. est de proposer des “aides ΔH”, c'est-Ă -dire des moyens de connaissance de soi et de Δéveloppement Humain.

Changer…

parmi les verbes d’état, d’expression ou d’action
est un autre verbe qui ne demande jamais : pourquoi ?

Changer est un verbe de vie et donc de risques ,
qu’ils soient alĂ©atoires, hostiles ou indĂ©terminĂ©s.
Mais que reprĂ©sente l’alĂ©a Ă  tous ces gens d’Europe
encore moulés dans la pierre taillée du certain, du connu,
la pierre polie de l’habitude, le bronze du rĂ©pĂ©titif,
sans exception possible, sans autre probabilitĂ© qu’assurance
de lendemains qui chantent et d’Etat-Providence ?
Mais que représente à des yeux bleus de blonds gaulois
l’hostile, ou bien l’antagoniste, pour qui l’essentiel est de participer,
pour qui le coq, tigre de papier, est toujours le meilleur,
eux qui ne savent descendre ensemble sur un terrain de jeu,
se battre, dans des limites données, dans des rÚgles acceptées
ou non, devant arbitre, et alors tirer plus vite que leur ombre ;
donc tenter de réussir leur coup, de gagner !
Mais c’est l’incertain qui s’oppose le mieux au certain
des neurones de tous les Candide, tous les Pangloss, fermés au flou
de la logique d’autres mondes, craignant l’irrationnel
du ciel qui tombe sur leurs tĂȘtes ! Oui, tout est possible,
et à l’impossible nul n’est tenu ; en arrogance et inconscience
policĂ©es, cela se dit : impossible n’est pas français !

Changer est un verbe de but : pour quoi changer en effet ?
Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait oĂč il va.
Mais sur le vieux continent le chef est prophĂšte en son pays,
il dit toujours oĂč le futur Ă  venir conduira ses pas, nos pas,
il saura toujours, si jamais quelque doute et quelque honnĂȘtetĂ©
l’obligeaient, feindre rester l’organisateur et le maĂźtre des Ă©vĂ©nements !
Mais sont-ce buts crĂ©dibles que l’euro fort, le sans-dĂ©ficit, le sans-dette ?
que de tomber amoureux d’un taux de croissance ou de productivitĂ© ?
que de demander, encore et toujours, des efforts, du sang, du sérieux ?
Dans cette vallée de larmes enkohlées, blairisée ici, jospinée là,
l’amour des mots cache mal la justesse des idĂ©es,
quand le politiquement correct est de ne plus tricher sur les taux,
quand les affaires ne se feront que légales, qui devient la morale,
quand nombreux sont ceux plus coupables que responsables.

Quelle planÚte bleue bébé nouveau-né connaßtra-t-il à notre ùge ?
Mais l’espĂ©rance Ă  l’ñme, l’espoir chevillĂ© au corps, le peuple
ne change que pour des besoins réels, et innombrables, à satisfaire.
Moins d’injustice non plus de justice, plus de Justes et moins de justiciers !

Moins de corps qui souffrent de faim, de froid, d’air malsain et de misùre
et non toujours plus d’hĂŽpitaux, de mĂ©dicaments, de drogues !
Moins d’aumĂŽnes dĂ©guisĂ©es, qui infantilisent et rĂ©duisent l’individu,
plus de tùches simples, productrices de richesses matérielles et humaines !
Moins d’ordre imposĂ© par un Etat rĂ©gisseur des classes, des masses,
par un quelconque Messie des premiers temps de l’HumanitĂ©,
et plus de libre arbitre, de responsabilité personnelle, sur le terrain !
Moins d’égoĂŻsme, d’isolement, d’exclusion et plus de ces liens palpables
et odorants, d’amour et de haine mĂȘlĂ©s, dans une communautĂ© de travail
renaissante, dans une banlieue minée par la mégapole, dans une région
d’Europe dĂ©clinante, d’AmĂ©rique triomphante, d’Asie Ă©mergeante...

Changer est surtout un verbe de maniĂšre ,
et mĂȘme de bonnes maniĂšres... quatre d’entre elles font rĂ©ussir !
Comment changer ? si l’on ne sait allier fond et forme,
gant de fer et main de velours, rester soi-mĂȘme et ĂȘtre ensemble...
Certes "ils" ont Ă©chouĂ© parce qu’ils n’ont pas commencĂ© par le rĂȘve ;
celui d’aller voir ce qu’il y avait derriùre la prochaine colline,
rupture qui venait vers nous comme le troupeau de bisons,
ou tentation prenante d’herbe tendre, de vĂ©ritĂ© au-delĂ .
Certes "ils" ont rĂ©ussi, par ignorance et parce qu’ils ont eu de la chance ;
mais c’était leur seule façon de briser les chaĂźnes de la caverne
et ce fût leur vraie maniÚre de renverser les montagnes.
Certes force peut rester Ă  la loi ; du pauvre Ă©colier japonais
au salariĂ© d’un groupe, Ă  l’étranger bazanĂ©, mais "naturelle"
l’autoritĂ© se mesure, pour changer, Ă  l’aune de son acceptabilitĂ© ;
égyptiens et chinois furent les seuls à reproduire mille ans leur ordre civilisé.
Certes si je me connais moi-mĂȘme pour quoi d’autre me mettre
en question et m’échiner Ă  devenir autre ; si je suis bien avec d’autres,
quelles garanties aurons-nous de meilleurs Ă©changes !

Comment changer ? si l’on ne trouve
à s’adapter au milieu et anticiper les tendances et obliger le futur.
Pour s’adapter à ce qui devenait savane, le singe, ce fort à bras, descendit
de son arbre et se redressa sur ses jambes, pour voir...
un peu plus loin que les hautes herbes, et sa main libĂ©rĂ©e inventer l’outil.
AdaptĂ© Ă  ce qu’il connaĂźt, derriĂšre sa ligne Maginot, montĂ© sur sa muraille
de certitudes, de pratiques-"maison", combien, fort en gueule, ne voit pas...
l’eau se rarĂ©fier, les dollars prolifĂ©rer, Internet s’infiltrer,
partout et toujours l’anglo-saxon s’imposer ?

Pour anticiper un avenir qui a déjà commencé, comptons les bébés :
phoques, dauphins, Ă©lĂ©phants, humains. Ils portent l’avenir, qui m’intĂ©resse :
j’y passerai le reste de mes (pîvres) jours ! Comptons les heures :
de santĂ©, de travail, de famille, de rituel, d’évasion... Faut-il se lamenter
de ne pas voir le T de Tendances si différent de celui des Traditions ?
Pour obliger le futur Ă  avoir lieu, l’urgent n’est pas d’ĂȘtre roi !
L’essentiel, dans son propre royaume _ toujours relatif _ est peut-ĂȘtre
d’ĂȘtre maĂźtre de soi, de bien s’entourer, de dĂ©cider de certaines choses
et pas d’autres. Ainsi Alexandre chevaucha-t-il son empire jusqu’aux Indes.
Ainsi Ronald et Mikhaïl s’entendirent-ils pour stopper leur guerre froide.
DĂ©sarmant n’est-ce pas? Au mur de Berlin les foules n’en sont pas revenues !

 

Jacques d’Oc, human publishing house, london may 1997